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ENQUETE SUR LE STATUT ET LE PROFIL DES ACCUEILLANT-ES EXTRASCOLAIRES

L’Observatoire de l’enfant de la Commission communautaire française a mené une enquête sur le profil et sur le statut des accueillant·es extrascolaires qui travaillent dans l’enseignement fondamental ordinaire francophone dans la Région de Bruxelles-Capitale. L’objectif était, d’une part, d’en savoir plus à leur propos (Qui sont ces personnes ? Quel est leur genre et leur âge ? Leur niveau de formation, leur ancienneté ?) et, d’autre part, d’en savoir plus sur leurs conditions de travail (Quel contrat de travail ? Quel horaire ?).

Menée par questionnaire auprès des écoles, notre enquête a rencontré un écho important puisque pas moins de 281 implantations sur les 386 interrogées y ont répondu.

Une série d’éléments en ressortent clairement. L’enquête montre avant tout que les accueillant·es extrascolaires à Bruxelles présentent un profil bien spécifique. Il s’agit en effet d’une profession très féminisée ; et dans laquelle la minorité d’hommes présents sont relativement jeunes. Elle se caractérise aussi par un faible niveau d’études que la formation continuée ne parvient pas à compenser. On constate aussi beaucoup de turnover et une ancienneté donc souvent limitée. Tout cela s’explique sans doute en grande partie par un statut peu attractif. En effet, dans notre échantillon, 40% des accueillant·es disposent d’un contrat précaire, généralement associé à des temps de travail limités. Les horaires coupés sont fréquents et les horaires variables ne sont pas rares. Enfin, il existe une minorité non négligeable qui ne travaille que le midi, notamment parmi les personnes travaillant sous statut ALE et les volontaires.

On constate donc bien un lien entre une profession féminisée et faiblement qualifiée et des conditions de travail et un statut peu attractifs.

La comparaison entre réseaux est elle aussi instructive, bien qu’elle doive être considérée avec prudence (au vu du différentiel de taux de réponses entre réseaux). Elle montre que, en comparaison avec le réseau communal, le libre confessionnel ne présente pas un profil radicalement différent mais que le statut des personnes qui y travaillent est quand même moins favorable. En revanche, le réseau WBE (Wallonie Bruxelles Enseignement) se distingue le plus de la moyenne avec un profil d’âge vieillissant, presque la moitié de personnes faiblement qualifiées, peu de formation continuée, beaucoup de personnes peu expérimentées. Le statut des travailleur·ses y est particulièrement défavorable avec presque uniquement des statuts très précaires, peu d’heures prestées et des horaires coupés très fréquents et touchant presque toujours des personnes ayant déjà un horaire de travail assez réduit. Le réseau libre non confessionnel, lui, se trouve environ à mi-chemin entre le libre confessionnel et WBE. Rappelons également que ces données ne concernent que les écoles qui ont répondu et qu’on ne peut exclure que la situation réelle dans la majorité des écoles des réseaux libres et WBE soit encore moins favorable.

Quand on fait abstraction des réseaux et que l’on s’intéresse à l’effet possible de la participation au Décret sur l’Accueil Temps Libre (le Décret ATL offre un soutien financier à l’accueil extrascolaire dans les écoles qui en font la demande), on remarque un élément distinctif : les écoles subventionnées dans le cadre de ce décret ont une proportion beaucoup plus importante d’accueillant·es qui ont suivi ou débuté une formation utile à la fonction au cours des 3 dernières années.

Enfin, il ressort de la comparaison entre les écoles organisées par les différentes communes que celles-ci connaissent une grande diversité de situations. Alors que certaines communes ont un personnel assez bien formé à la base, qui continue à suivre des formations continuées et qui dispose généralement de contrats stables et d’un temps de travail important, d’autres semblent se contenter d’employer du personnel faiblement diplômé, peu formé, avec des contrats peu stables. Si les communes concernées ne cumulent pas toujours toutes ces difficultés, la situation peut néanmoins être qualifiée de préoccupante pour au moins quatre d’entre elles dont deux qui ont fait le choix de ne pas entrer dans le cadre du décret ATL. On constate donc que les choix politiques posés par les autorités communales ont vraiment des impacts importants sur le terrain, notamment au regard du statut du personnel.

Que peut-on conclure plus généralement de cette enquête ? Si le décret ATL peut servir d’incitant pour que les écoles emploient du personnel dans de bonnes conditions et qu’il contribue à encourager la formation continue, il ne constitue pas pour autant un remède miracle. Tant que des personnes sans qualification pourront s’occuper d’enfants et en l’absence de la mise sur pied d’un véritable statut professionnel pour les accueillant·es extrascolaires, la situation dans le secteur ne pourra s’améliorer – quand bien même des efforts réels d’une bonne partie des pouvoirs organisateurs sont opérés et observés. Le Décret ATL encourage la formation continuée des accueillant·es mais son efficacité s’avère discutable face à un public si massivement peu qualifié et aussi rapidement renouvelé. Il semble donc plus que jamais vital de repenser l’accueil extrascolaire et, surtout, de lui donner les moyens financiers sans lesquels il ne peut fonctionner adéquatement et ambitionner d’apporter de véritables bénéfices pour tous les enfants qui le fréquentent !

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Un site connexe de la Commission communautaire française COCOF - wwww.ccf.brussels